Retour sur les missions des stagiaires de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye

En partenariat avec Sciences Po Saint-Germain-en Laye, l’I.C.I accompagne des étudiants en 3e année de mobilité internationale dans le cadre de stages à l’étranger au sein d’associations à but non lucratif d’aide au développement. 

Retour sur les missions exploratoires et les expériences uniques vécues par Emma et Camille, parties au Pérou au sein des ONG Mano a Mano et Envol Vert, Nérine en Argentine avec l’ONG Manos Verdes, Louise en Espagne avec les ONG URDA Spain, URDA Liban et Terra Psy, Timothé en Grèce avec l’ONG AASIA On the Road, et Flora et Margot au Cambodge avec l’ONG Green Bamboo Cambodia.


Expériences d’Emma et Camille au Pérou au sein des ONG Mano a Mano et Envol Vert

Emma et Camille ont choisi le Pérou, en Amérique du Sud, pour effectuer leur stage de mobilité internationale au sein de 2 ONG locales.

« C’est le vendredi 28 octobre 2022 que notre grande aventure “COOP” débute avec un vol Paris-Lima. Nous sommes arrivées ne connaissant rien ou presque du monde des ONG, de la culture péruvienne, de l’espagnol mais à deux, motivées à vivre pleinement ces prochains mois. »

Octobre 2022 à janvier 2023 : 1er stage au sein de l’ONG Mano a Mano

L’ONG et le contexte

L’association franco-péruvienne Mano a Mano a été créée en 1994 par Sylvie Dumans, après un premier voyage humanitaire effectué au Pérou, qui est marqué à l’époque par un conflit interne, politique et social, et un manque d’investissement public. Après ce constat, elle décide de fonder Mano a Mano avec des habitants de la Ensenada, un district précaire dans la périphérie nord de Lima de plus de 300 000 habitants.

Ce sont dans les hauteurs du quartier des Jazmines, qui regroupe environ 400 personnes, que l’association travaille en lien étroit avec les habitants.

La majorité de l’équipe est péruvienne, et chaque année des volontaires français viennent apporter leur aide et apprendre sur le terrain ou dans les bureaux.

Les projets créés depuis trente ans ont permis notamment la construction d’une bibliothèque avec de l’aide aux devoirs et des « vacances utiles » (une sorte de centre aéré), de jardins et de lieux de vie pour les habitants, mais également la mise en place d’actions de prévention sanitaire, d’éducation et de sensibilisation au développement durable.

Une collaboration a été mise en place avec la municipalité de la Ensenada, en vue d’y construire des installations publiques, telles que des parcs et des jardins partagés, et des escaliers pour atteindre les hauteurs difficiles d’accès et peu praticables.

Quelles sont les missions confiées à Camille et Emma ?

Nos 2 stagiaires sont sur le terrain un à deux jours par semaine, à effectuer différentes tâches.
Elles ont travaillé notamment avec les femmes constructrices. Depuis 2007, des femmes de la Ensenada sont en effet formées par des professionnels en plomberie, maçonnerie ou encore en peinture pour construire des infrastructures de leur quartier.

Embauchées par Mano a Mano, ce travail leur permet une indépendance économique et sociale. Sur les pans des collines désertiques, ces femmes travaillent jusqu’à 6 jours par semaine sous le soleil cuisant de la capitale. Le travail y est rude avec des conditions de sécurité limitées.

Camille et Emma attendent pourtant ces jours sur le terrain avec impatience.  Cela leur donne un autre aperçu des missions de l’ONG et de « sortir du quotidien des bureaux de l’association », où elles y travaillent le reste de la semaine.

Elles y effectuent diverses tâches administratives, telles que mettre à jour des documents, travailler sur le dossier administratif de l’association, ainsi que le guide comptable et informatique. Elles ont pu participer également à l’élaboration de questionnaires de satisfaction pour les employés de l’association.

Outre les journées avec les femmes constructrices, nos 2 stagiaires ont pu passer quelques journées avec Pablo, le menuisier, qui travaille étroitement avec les constructrices. Elles ont aidé à la construction de barrières entourant les jardins ou encadrant les escaliers, et participé à l’entretien du jardin de la bibliothèque.

« Bien que ces trois mois ont pu être très enrichissants aussi bien professionnellement que humainement, nous ressentions le besoin de changer d’environnement de travail pour découvrir d’autres types de fonctionnement  au sein des ONG. »

Février à mai 2023 : 2e stage au sein de l’ONG Envol Vert

« Nous commencions alors un nouveau stage au sein de l’ONG d’Envol Vert le 13 février 2023. Créée en 2011, la structure œuvre pour la protection de la forêt et de la biodiversité au Pérou, en Colombie et en France. Nous avons pu travailler pendant trois mois dans les bureaux de l’association à Lima, dans le district, cette fois-ci aisé, de Magdelena del Mar.»    

En quoi consiste le projet ?

Au Pérou, Envol Vert travaille sur trois sites différents:

Les programmes d’agroforesterie à Tingo Maria (cacao) et à Pichanaki (café) ainsi que pour la Concession de Conservation Yanayacu-Maquia.


L’ONG vise à soutenir le changement de pratiques agricoles (premier facteur de déforestation) et à lutter contre la précarité des populations en favorisant le développement d’alternatives économiques.

Quelles y sont leurs missions ?

Emma et Camille sont venues en appui à la recherche de partenariats et de bailleurs de fonds, ont effectué de la prospection et ont répondu à divers appels à projets de différentes fondations et organisations.

« C’est une mission vraiment intéressante car on participe à l'élaboration d’une demande de financement: budgets, cadre logique, indicateurs de suivi, narratif, etc. Mais aussi des côtés plus transversaux comme de la communication et d’autres activités administratives et rédactionnelles. »

Elles ont également travaillé sur la recherche de partenaires pour des missions de sensibilisation, telles que le Festival Sumate al bosque, qui a lieu chaque automne dans le centre-ville de Lima à Miraflores. Cet événement vise à sensibiliser les liméniens sur l’importance de la biodiversité, ainsi qu’à se reconnecter avec le monde de la forêt.

« C’est chouette et stimulant car on travaille en coordination depuis Lima avec notre responsable Marion et l’équipe de partenariats qui est basée à Montpellier. Aujourd’hui, il ne nous reste qu’un mois de stage, et on devient presque nostalgiques de Lima… »


Un projet de pépinière en Argentine avec l’ONG Manos Verdes: expérience de Nérine

C’est en Argentine que Nérine, notre stagiaire de 3e année, a choisi d’effectuer son stage de mobilité internationale.

En quoi consiste ce projet de pépinière ?

L’ONG et le contexte

Chaque année en Argentine, de moins en moins d’arbres natifs (c’est-à-dire d’arbres originaires de leur région)  sont plantés. Ils sont remplacés par des arbres présentant des caractéristiques favorables à leur exploitation.

Pourtant, cela a pour conséquence le changement de la faune et flore locale, et ainsi, un basculement de la biodiversité. De plus, dans le nord et le sud de l’Argentine, des incendies détruisent chaque année plusieurs millions d’hectares de forêts et d’espaces verts.

L’ONG Manos Verdes veut permettre aux municipalités de Corrientes de reforester ces zones dévastées, par la solidification des liens intercommunaux et la coopération entre les acteurs publics et privés par la mise en place progressives de pépinières au sein de chaque municipalité.

Le projet se base sur la mise en place d'une pépinière d’arbres natifs dans la ville de Corrientes dans un premier temps. Des étudiants d’une école d’ingénieurs en agroforesterie sont chargés du suivi des pousses et de la réalisation d’un diagnostic des nécessités des différents terrains.

Un des volets fondamentaux du projet est l’éducation environnementale. Cette pépinière se focalise donc autour de 3 objectifs :

- Assurer la reforestation d’arbres natifs;
- Sensibiliser la population aux problèmes de biodiversités et de reforestation par l’organisation de visites de la pépinière par les écoles proches de la pépinière;
- Encourager la construction de parcs écologiques dans d’autres municipalités par l’exploitation des plants natifs développés dans les différentes pépinières.

Quelles sont les responsabilités de Nérine ?

Après un déplacement d’une semaine dans la région de Corrientes au Nord de l’Argentine à la rencontre d’ingénieurs agronomes, Nérine participe à la construction du projet de pépinière.

Cette semaine de déplacement commence par un trajet de 6 heures de route vers la première ville de la région de Corrientes depuis Buenos Aires avec sa tutrice. Ces 917 Km ne leur font en réalité parcourir qu’une infime distance au vue de la superficie de l’Argentine (2,8 millions de km²). Ainsi, ce trajet leur fait (re)découvrir des paysages variés : étendues de palmiers de l’époque mésopotamienne, champs d’arbres natifs, zones très sèches et très humides.
L’arrivée dans la région est marquée par des paysages noircis des incendies récurrents qui ont lieu chaque année dans la région.

N'ayant pas les connaissances d’un ingénieur agronome, Nérine est plus spécifiquement chargée de l’organisation théorique du projet de création de pépinière.

Elle se charge notamment de la rédaction du projet, de son estimation budgétaire ou encore de la récolte des informations et de la mise en contact entre les différents acteurs.

« La découverte si tôt dans les études d’une expérience professionnelle dans le monde des ONG, qui plus est avec des missions de terrain, est très loin de mon quotidien saint-germanois. C’est très intéressant d’être confronté à la réalité du fonctionnement de Manos Verdes après m’être imaginé ce stage pendant des mois depuis la région parisienne.

Cette nouvelle vie est très stimulante, même si j’avoue que j’aurais aimé plus d’intensité sur mes missions. En effet, se sont écoulés 5 mois et demi et il reste quelques semaines avant la fin de cette mission, et je ne pense pas pouvoir faire le constat de l’aboutissement de mon projet, sa rédaction a été très longue; je pense que toutes les structures n’ont pas forcément les moyens d’accueillir des stagiaires sur 6 mois. Faire l’expérience de cela est aussi quelque chose d’enrichissant. »


Un projet de centre social au Liban, en partenariat avec l’ONG URDA Liban et Terra Psy: expérience de Louise.

Le contexte du projet

Louise est partie au siège de l’ONG URDA Spain à Madrid (Espagne), afin d’y effectuer un projet de volontariat avec les ONG URDA Liban et Terra Psy – Psychologues sans Frontières.

Une mission exploratoire dans les camps de réfugiés au Liban a été effectuée le mois dernier par Hervé Dubois, Directeur de l’I.C.I, et l’équipe de l’ONG Terra Psy afin de statuer sur la proposition de projet sur lequel a travaillé Louise depuis le siège de URDA Spain à Madrid.

La semaine prévoyait la visite de deux régions sur la bande Est du Liban, afin d’envisager l’ouverture de centres sociaux. L’équipe de terrain a visité trois camps dans la région de Bar Elias et cinq camps à Aarsal.

Le voyage a permis aux équipes de Terra Psy et de URDA Liban de se rencontrer, et de travailler le cadre de la mission sur les bases de l’avant-projet que Louise a construit pendant plusieurs mois, en sollicitant différents spécialistes.

L’issue du voyage a permis de statuer un accord sur la zone d’intervention et les moyens employés. Les psychologues souhaitent intervenir en priorité sur la région rocailleuse d’Aarsal, où une centaine de milliers de réfugiés y sont reclus.

Quelles sont les missions confiées à Louise ?

Depuis le siège en Espagne, Louise a travaillé pendant plusieurs semaines sur la problématique migratoire du Liban, des traumatismes psychologiques chez les migrants et la construction de suivis psychologiques adaptés pour des personnes subissant des multi traumatismes en condition de guerre et de migration.

Grâce aux conseils avisés de Terra Psy, de son soutien de URDA Spain et de URDA Liban, ainsi que du suivi régulier avec Hervé Dubois, Louise a proposé à distance l’ouverture d’un centre social destiné à la fois aux femmes, aux enfants et aux hommes, avec des espaces d’écoute et des activités spécifiques pour appréhender et soigner ces différents traumatismes.

L’expérience au sein du siège de URDA Spain lui a permis par ailleurs de témoigner du très bon fonctionnement d’un centre social à l’étranger, de la qualité et de l’engagement des travailleurs sociaux.

Louise a participé régulièrement aux cours de langues proposés par l’ONG et a fait de nombreuses rencontres avec des personnes en situation irrégulière et notamment des réfugiés ukrainiens.

 

Assistance d'urgence aux réfugiés : mission en Grèce pour Timothé

« Durant les 6 mois que j’ai pu passer en stage, j’ai découvert, contribué et accompagné les équipes d’AASIA On the Road dans leur projet ‘La Maison’.»

L’ONG et le contexte

AASIA On The Road est une association de loi 1901, un organisme d’aide aux personnes en difficulté reconnu d’intérêt général.

Engagé en Grèce depuis janvier 2020, l’ONG a pour mission d’apporter une aide morale et matérielle aux demandeurs d’asiles et autres migrants, bloqués sur l’île de Samos, en Grèce.

L’association y loue et gère « La Maison », une halte de jour à proximité du camp de réfugiés construit par l’U.E, où les réfugiés sont accompagnés dans leur quotidien en bénéficiant d’un soutien matériel (alimentaire), psychosocial et fraternel pour les aider à s’intégrer dans la société.

Chaque jour, toute l’équipe y anime diverses activités allant de la distribution de repas, à la mise en place d’ateliers créatifs ou aux groupes de parole et d’entraide.

La localisation du projet est particulièrement intéressante. Au carrefour des routes migratoires, proche de la Turquie et malgré tout en Europe, l’île de Samos est l’un de ces endroits qui voit le monde défiler. Un lieu de mixité aux enjeux très divers qui, malgré la petite taille de l’île et le faible nombre d’activités en hiver, en font un lieu de passage et de vie inoubliable.

Quelles sont les missions de Timothé ?

Notre stagiaire de 3e année effectue des missions très différentes les unes des autres.

L’ONG laisse en effet à ses volontaires une vraie liberté dans la gestion du lieu et une forte autonomie dans les projets menés au sein de « La Maison ».

En plus de travailler sur la gestion du lieu, Timothé a eu l’occasion de travailler sur les financements, la communication, les outils de suivi et même entraîner et courir avec une équipe de demandeurs d’asile durant la course annuelle de la ville.

« Aux côtés d’AASIA On the Road, j’ai particulièrement aimé les rencontres que j’ai pu faire. ‘La Maison’ est un lieu qui regroupe énormément de personnes différentes, aux parcours tous plus intéressants les uns que les autres, et qui malgré tout suivent toutes les règles de vie et de respect propres à ce lieu.

Jamais durant mon temps de travail, je n’ai vu ou subi de la violence ou de l’irrespect. ‘La Maison’ est une vraie parenthèse dans la vie de tous, un havre de paix et de sociabilité dont les effets sont visibles dès le premier jour d’arrivée.

Ce séjour à Samos m’aura enrichi autant personnellement que professionnellement et je suis très heureux d’avoir pu mener cette expérience. »


Relancer la chaîne de valeur du bambou au Cambodge avec l’ONG Green Bamboo Cambodia: expériences de Flora et Margot

C’est en Asie du Sud-Est, au Cambodge, que nos 2 stagiaires de 3e année ont choisi d’effectuer leur stage mobilité internationale.

L’ONG et le contexte

Green Bamboo Cambodia est une entreprise sociale focalisée sur la revalorisation de la chaîne de valeur du bambou au Cambodge notamment via des projets d’éco-tourisme.

En Novembre dernier, l’ONG est contactée par un conglomérat d’entreprise.
Un okhna (terme cambodgien désignant une personne puissante du fait de sa fortune et de son influence politique) est à la tête de ce conglomérat et valide (ou non) les projets dans lesquels son entreprise investira.

Cette entreprise souhaite mettre en place un projet de plantation de bambou de près de 400 hectares, dont se chargeraient les communautés locales au nord de Siem Reap (nord-ouest du Cambodge).

La plantation ferait partie d’un projet plus vaste intitulé “agri-tourism center”, consistant également de plantations d’arbres et de fleurs, ainsi que d’installations de nids d’oiseaux pour préserver la faune et la flore locale. Il s’agit de promouvoir une nouvelle forme de tourisme - l'écotourisme - moins polluant et plus responsable.

De plus, le bambou viable pour la construction étant largement absent au Cambodge, cette plantation constituerait le début de la chaîne de valeur et fournirait les entreprises de construction locales.

Green Bamboo Cambodia est mobilisée pour un travail de consultant, consistant alors à mettre à disposition les ressources acquises depuis sa création, que ce soient des connaissances dans le bambou, un réseau de partenaires, ou des connaissances en marketing, essentielles pour que le projet de plantation génère des profits.

Quelles sont les missions de Flora et Margot ?

Pendant près de deux semaines, nos 2 stagiaires sont mobilisées pour participer à la conceptualisation de ce projet, dans le but de convaincre l’okhnia

Leur travail consistera principalement en la réalisation de documents stratégiques: concept note, benchmark (analyse de marché), évaluation des risques, montage du budget et rédaction de contrats pour officialiser légalement le partenariat.

 « Nous avons eu l’occasion lors de ce projet de rencontrer un important panel de professionnels, des businessmen aux professionnels du tourisme en passant par un docteur en agriculture et permaculture.

Nous avons également visité plusieurs sites en campagne et nous sommes rendues à Phnom Penh pour 4 jours intenses de conférences et networking avec d’autres entreprises membres, et un congrès sur l’éco-tourisme lors duquel sont intervenus le Ministre du Tourisme, le Ministre de l’Agriculture et le Ministre de l’Economie. »

Green Bamboo Cambodia a malheureusement dû se retirer de ce projet car malgré de nombreuses discussions et de contrats rédigés, il n’y a pas eu de partenariat trouvé entre les deux structures.

« Avec ce projet, Green Bamboo Cambodia avait l’espoir de démontrer qu’un partenariat entre petite et grosse structure sur un pied d’égalité était possible et que même les entreprises traditionnelles doivent, et de fait effectuent, un virage vers une démarche plus sociale et respectueuse de l’environnement. »

Cela est bien sûr une déception pour l’équipe, mais cela fait aussi partie de l’expérience d’apprentissage.

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Nous souhaitons à tous nos stagiaires une bonne continuation dans leurs parcours personnels et professionnels respectifs!

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La santé mentale des réfugiés  – Mission au Liban de Hervé Dubois