IL FAUT EXPLOITER NOS EXCREMENTS.

Voilà un sujet qui dérange mais en surmontant nos blocages psychologiques nous allons rendre un grand service à la planète :  IL NOUS FAUT EXPLOITER NOS EXCREMENTS.

 
 

“Comme tout sujet qui dérange, il attire en même temps, si j’en juge par l’intérêt qu’a suscité notre projet « Toilette à Compost » au Forum Mondial de l’Eau à Dakar.

Dans les sociétés occidentales ultra équipées de WC modernes à chasse d’eau potable pour faire disparaitre par magie nos déjections, les toilettes sèches passent plutôt pour un concept écolo refoulé par le citoyen du 21e siècle.

Mais il me semble que d’un point de vue philosophique, ce que l’homme prend à la nature en état de composition, il devrait, de son vivant, lui rembourser avec un produit digéré et décomposé pour l’aider à reconstituer sa fertilité. Tous les organismes vivants, ainsi que les végétaux, le font bien au moment de leur mort.

En Afrique, les terres du Sahel impactées par le réchauffement climatique se stérilisent de plus en plus vite et amplifient la désertification des zones rurales.

Sur le terrain, après un premier sentiment de dégout et de rejet, les populations commencent à comprendre que le compost biologique issue des rejets humains pourrait redonner de l’espoir aux paysans, maraichers et autres professionnels de la terre à la recherche d’un fertilisant non chimique.

Quelques chiffres, un homme produit en moyenne 400 grammes de matière fécale par jour. Celle-ci, mélangée avec de la sciure de bois ou des végétaux, rentre très facilement dans un process de fabrication du compost après une période de décomposition organique de 6 mois. Une famille de 8 personnes peut produire mensuellement un sac de 50 kilos de compost biologique de bonne qualité. Autrement dit, en un an, une famille qui donne généreusement son « caca » à une coopérative de compostage peut (re)fertiliser entre 500 et 600 M2 de terre dégradée.

Notre projet de toilette à compost (TAC) que nous expérimentons depuis 3 ans au Mali et au Bénin donne de bons résultats. Il crée de l’emploi avec de nouveaux métiers (agent collecteur, agent composteur), il donne gratuitement à chaque famille une toilette sans odeur dans leur maison, baisse considérablement les maladies liées au péril fécal et sécurise de nombreuses femmes obligées de sortir la nuit pour se soulager.

Allons plus loin…, après la valorisation des matières fécales, ce système d’assainissement familial ne coute rien pour les bénéficiaires et peut même rapporter un revenu complémentaire au bout de 18 mois. En effet, les familles qui, après avoir donné gratuitement leurs seaux de fèces pendant 1 an (pour rembourser leur toilette installée gratuitement par l’ICI), peuvent être rémunérées environ 0,20€ par seau de 20 litres dès la deuxième année. A la fin de l’année, c’est un demi mois de salaire en plus pour une famille modeste d’un pays en développement, sans rien faire d’autre que de changer ses habitudes !

On peut aussi entrevoir une application dans les écoles. Dans un groupe scolaire de 1 000 élèves, c’est pratiquement 5 tonnes d’engrais biologique que l’on peut produire chaque mois. Soit un revenu complémentaire annuel possible d’environ 6 000 euros disponible pour le fonctionnement de l’école. La pauvreté et l’inconsistance politiques constituent un terreau fertile pour l’affaiblissement démocratique et la montée de l’intégrisme religieux qui fragilisent les pays du sahel. Aussi, ce nouvel outil de renforcement et d’autonomisation des écoles est le bienvenu.  Je raccourci volontiers mon propos pour dire que face à la pauvreté, les maladies et la désertification, la meilleure défense c’est la TAC*. (campagne TAC crée par l’EFAP Paris)*

 

Vous l’aurez compris, faire un don pour une toilette à compost est plus urgent et efficace que de donner pour une aide alimentaire. Vous pouvez financer ici des toilettes à compost en Afrique. En échange de votre don, l’iCi vous envoie une vidéo témoignage de la famille bénéficiaire.”

Hervé Dubois, Directeur & fondateur de l’ICI.

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